« Vadim Était Mon Ami Sans-Abri. C’était Un Honneur De L’Accompagner Pendant Son Décès » – Le Témoignage de Sasha

 

Bonjour. Je m’appelle Sasha Kovaleva et je suis une artiste.

En dehors de mes projets artistiques, je travaille également en tant qu’illustratrice et parfois graphiste. J’aime dessiner de toutes les manières possibles, dessiner sur des programes digitaux, dessiner sur papier – n’importe où!

Je suis de Moscou et une fille de la ville dans l’âme. Mais quand j’étais petite, nous vivions à la campagne. À l´époque, ce fut une période difficile pour la Russie. Nous ne sommes qu’au début de la compréhension de l’héritage cicatriciel de Perestroyka. J’ai beaucoup de souvenirs doux-amers de cette période de mon enfance et heureusement, beaucoup des plus heureux sont dans la nature. Les arbres, les champs et l’herbe étaient mes meilleurs amis quand j’étais enfant. La nature me manque et j’espère qu’un jour je serai assez calme pour vivre à nouveau à la campagne 🙂

 

Limmortalité numérique et diversité post-mortelle.

D’une certaine manière, je me suis toujours considérée comme un artiste au fin fond de moi. Mais quand j’étais plus jeune, je n’étais pas sûr de pouvoir y arriver. J’ai donc emprunté une voie différente: je suis diplômé de l’Académie de Droit de Moscou et j’ai travaillé comme avocat pendant quelques années. Pendant ce temps, j’ai continué mon éducation artistique en parallèle à travers de diverses fondations d’art contemporain des beaux-arts et, un bon jour, je suis passé au domaine artistique pour de bon. Auncun regret là-dessus!

Je travaille actuellement sur un vaste projet sur la représentation numérique d’un humain. Je veux essayer de répondre à la question: l’immortalité numérique peut-elle être l’avenir de notre éspèce? Le projet est complexe d’un point de vue technique et je suis actuellement à la recherche d’un partenaire qui puisse m’aider.

J’ai également créé un profile Instagram sur les alternatives à l’enterrement traditionnel, la «diversité post-mortelle», comme je l’appelle. J’ai plein de nouvelles photos que je posterai là-bas!

Cela m’a amené à rencontrer quelqu’un qui a depuis changé ma vie pour toujours: cette personne s’apelle Vadim.

 

Vadim était u sans-abri et mon ami. Cela a été un honneur l´accompagner pendant sa mort - Blog Urne Bios

Portrait de Vadim tel que présenté dans son entretien pour la publication Takiedela. Photo: Sergey Stroitelev pour la TD

 

L’enthousiasme de Vadim pour la vie, même face aux difficultés et à la mort

Vadim était un sans-abri. Je l’ai rencontré dans un refuge lorsque je travaillais sur mon projet artistique. Mon ami et photographe Artem Leshko m’a présenté un couple charmant qui avait recontré Vadim dans la rue alors qu’il était très malade. Il avait un cancer du foie.

Ils l’ont aidé à entrer d’abord dans un refuge et plus tard dans un hospice. Ils ont beaucoup aimé mon projet et m’ont présenté Vadim qui faisait face à sa propre mortalité. Je l’avais en fait déjà rencontré auparavant, en tant que bénévole au refuge, et je l’avais accompagné à quelques rendez-vous avec les médecins, mais il n’y avait jamais assez de temps pour vraiment parler. Je n’ai que découvert l’histoire de sa vie que plus tard – je serai toujours reconnaissante que nous ayons eu cette chance de vraiment apprendre à se connaître.

Vadim a aimé mon projet et a décidé d’y participer. Je lui ai rendu visite très souvent et nous avons beaucoup parlé – du design, de l’art, des chats, de la mort. Il était également graphiste et créateur, vivant une vie libre et insouciante, voyageant et flottant de ville en ville.

Il a reçu un diagnostic de cancer trop tard, sans mutuelle ni économies. Cela l’a conduit à devenir sans-abri. Freelance artistique atteint d’un cancer en phase terminale, il n’a jamais perdu le sprakle dans son cœur même lorsqu’il vivait dans la rue.

C’est peut-être pour cela qu’il a tojour attiré les gens vers lui et a attiré l’attention. Pour que vous puissiez vous faire une idée de son attitude positive dans la vie, il a déclaré à la journaliste Svetlana Lavrentieva, qui a écrit un article sur sa vie: « Mon film préféré? Knockin ‘on Heaven’s Door bien sûr! ». Le film raconte l’histoire de deux patients en phase terminale qui s’échappent d’un hôpital, volent une voiture et se lancent dans une grande aventure.

 

L’accompagnement de Vadim à sa mort

Vadim ne s’est jamais plaint, même lorsque la douleur devient insupportable. Il a essayé de continuer à être créatif jusqu’à la toute fin avec le dessin. Selon lui, son plus grand regret dans la vie était de ne plus avoir de cuisine: cuisiner était une autre de ses grandes passions. Et les chats bien sûr. Il adorait les chats et les chats l’adoraient à lui! Son chat bien-aimé, Dostoïevski, a été pris en charge par sa compagne.

Au cours de ses dernières semaines de vie, il n’arrêtait pas de me dire que l’hospice lui rappelait le Japon – même s’il n’y avait jamais été – parce que c’était l’hiver et qu’il y avait beaucoup de petits pins tout autour. Nous avons donc commencé à l’appeler Samurai, mais ce n’était vraiment pas à cause de cela, c’était à cause de son courage sans fin.

Vadim est décédé en janvier 2019 à l’hospice. Je lui ai demandé s´il voulait devenir un abre dans l´après-vie et il a de suite dis oui. Je suis donc devenue la personne responsable de ses cendres et d’organiser ses funérailles. Moi-même ainsi que trois de nos amis étaient présents pendant la cérémonie. Sur la photo principale, vous pouvez me voir voyager en voiture avec son cercueil.

Pour la cérémonie funéraire de Vadim, nous avons essayé de la rendre aussi personnelle que possible, bien qu’il n’y ait actuellement pas beaucoup de flexibilité sur une cérémonie traditionnelle en Russie. Nous avons demandé de mettre sa musique préférée – nous avons écoute toutes les chansons que Vadim aimait et qu’on écoutait ensemble à l’hospice. Ce n’est pas typique ici. Le cercueil était fermé pendant la cérémonie car pour moi, il était important d’organiser les funérailles avec un coût minimum. Mon amie Nadezhda et moi avons dessiné des belles grandes photos de samouraïs pour Vadim que nousavont reposé sur son cerceuil avec l’incinération. Et au début de la cérémonie, un chat est entré! Pour moi, c’était définitivement un signe miraculeux!

 

A Bios Urn Testimonial Vadim was homeless and a dear friend. I hade the honor of accompanying him in his death / Témoignage d'une urne Bios Vadim était sans abri et un ami cher. J'ai eu l'honneur de l'accompagner dans sa mort

Au début de la cérémonie pour Vadim, un chat est entré! C’était définitivement un signe pour moi! Photo: Bios Urn

 

En fait, après la cérémonie, j’ai rédigé un guide sur la façon d’organiser des funérailles avec des coûts minimes qui est maintenant utilisé par les travailleurs sociaux et les bénévoles de Saint-Petersbur lorsqu’ils travaillent avec des personnes sans ressources. Je sais qu’un groupe de sans-abri a enterré leur ami en utilisant ce guide pour les aider à gérer les coûts de la cérémonie funéraire. Les gens ne savent pas qu’ils peuvent organiser la plupart des choses gratuitement.

 

La mort et l’industrie funéraire en Russie

L’Église orthodoxe de Russie est contre la crémation. Il y a très peu de crématoriums ici et nous avons beaucoup de terres, ce qui fait de l’inhumation traditionnelle la plus répandue dans ce pays. Cela dit, dans les grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg, la crémation est très populaire. La crémation représente environ 53-54% de toutes les inhumations à Moscou, et encore plus à Saint-Pétersbourg – environ 65%.

Maintenant, en raison de la pandémie COVID, la crémation est devenue encore plus populaire, atteignant 70 à 72% de tous les enterrements dans ces villes.

Après la crémation, les cendres sont généralement placées dans une urne non biodégradable qui est ensuite enterrée dans une tombe, ce qui n’est donc pas une option très écologique. C’est cependant beaucoup moins cher – jusqu’à 3 urnes peuvent être enterrées dans une seule tombe.

Je ne pense pas qu’il y ait de cimetière vert ou de boisé funéraire dans toute la Russie, ent out cas il n’y a rien comme le Bios Park ®.

 

Mon projet artistique sur la mort avec Urne Bios ®

Je travaille sur cette étude de la mort d’un point de vue artistique depuis 6 ans maintenant. Je suis très intéressé par les alternatives aux enterrements traditionnels. Le cœur de mon projet est un arbre issu des cendres, et je savais que Urne Bios® est le leader dans ce domaine.

 

A Bios Urn Testimonial Vadim was homeless and a dear friend. I hade the honor of accompanying him in his death / Témoignage d'une urne Bios Vadim était sans abri et un ami cher. J'ai eu l'honneur de l'accompagner dans sa mort

J’ai commandé une Urne Bios ® et je vais planter un beau chêne avec les cendres de Vadim. Image: Urne Bios

Et je dois avouer que je suis amoureux de son design. C’est ainsi que j’imagine l’industrie funéraire du futur.

J’ai commandé une Urne Bios ® et je vais planter un magnifique chêne avec les cendres de Vadim – c’est l’arbre qu’il a choisi lui-même. Je veux que Vadim soit un exemple de l’avenir de l’industrie funéraire dans le cadre de mon projet artistique, je voudrais planter l’urne dans le jardin de n’importe quel musée pour exposer cet exemple social. Cela ne doit pas nécessairement être en Russie, là où c’est possible. Selon la loi russe, tous les cendres humaines doivent être enterrés dans un cimetière ou dans un columbarium (bien que la plantation d’une urne biodégradable reste quelque peu floue car il n’y a rien à ce sujet dans la législation de la Fédération de Russie, comme c’est le cas dans de nombreux d’autres pays – c’est un concept assez moderne). En même temps, nous avons des précédents d’enterrements différents tels que l’enterrement du célèbre écrivain russe Boris Strugatskiy et de sa femme. Leurs cendres ont été dispersées à Saint-Pétersbourg.

 

« La renaissance des marguerites sauvages »

Je me demandais depuis un certain temps quelles sont les options d’après-vie pour les sans-abri. Qui les aide avec ça? Qui combat leur cause?

Chaque année, des centaines de personnes meurent dans les rues. Leur mort, ainsi que leur vie sans gloire, restent inaperçues pour la plupart d’entre nous. Ils meurent souvent sans laisser de trace, aucun héritage.

Cela m’a amené à vouloir devenir un porte-parole des sans-abri et de leur droit à une mort digne.

J’ai donc créé un autre aspect dans mon projet artistique d’immortalité numérique appelé « La renaissance des marguerites sauvages ».

Rencontrer Vadim et être témoin de ses propres expériences personnelles a changé ma vie à bien des égards car cela m’a donné tellement d’énergie émotionnelle pour continuer le projet de tout mon cœur. J’ai maintenant mis un visage et un nom aux centaines de sans-abri qui étaient passés avant lui. Sa rencontre et sa contribution ont littéralement donné un cœur vivant au projet, l’ont rendu vivant et sincère.

 

A Bios Urn Testimonial Vadim was homeless and a dear friend. I hade the honor of accompanying him in his death / Témoignage d'une urne Bios Vadim était sans abri et un ami cher. J'ai eu l'honneur de l'accompagner dans sa mort

À Moscou, les corps non réclamés des sans-abri arrivent dans de simples cercueils sur des sites comme celui-ci qui leur est spécialement dédié. S’ils le peuvent, ils sont nommés, sinon ils sont simplement numérotés.

 

Nous essayons de souder et de transmettre nos acquis aux générations futures. La mémoire est le moyen qui sert à notre développement futur. Mais nous ne savons rien de l’enterrement des sans-abri. Cette partie de notre réalité n’est pas du tout sur notre radar.

L’objectif du projet est d’essayer de changer la situation actuelle et de créer une discussion qui peut aider à élaborer une approche pertinente du problème, espérons-le en collaboration avec Urne Bios ®. Ce projet est actuellement soutenu par une série d’organisations telles que Nochlezhka (la plus ancienne organisation caritative qui aide les sans-abri à Moscou et Saint-Pétersbourg), Charity Hospital (un groupe de médecins qui fournissent une assistance médicale aux sans-abri), Maltese Help Service (un refuge) ainsi que Friends In The Street (un mouvement bénévole et une organisation de soutien aux personnes âgées et aux sans-abri).

Dans mes rêves, nous aurons un petite forêt avec des arbres plantés avec des urnes biodégradables qui contiennet les cendres de sans-abri, et cela dans chaque grande ville. Il n’y aurait pas de mémorial plus fort et plus touchant pour eux. Je suis actuellement en pourparlers avec différents musées pour exposer ce projet, créer une prise de conscience et faire de ce rêve une réalité dans une première ville au monde.

 

Quant à mes propres projets de fin de vie …

Quand je mourrai, j’aimerais laisser mes cendres à des artistes – quelqu’un comme moi, qui pourrait les utiliser pour leur travail. Je pense qu´il est très important de parler de notre vie et de notre mort.

S’il je devenais un jour un arbre, j’aimerais continuer à grandir comme un seigle doré, car il n’y a rien de plus beau et de plus calme. Je suis très petite (je mesure 1.50 m) et je peux difficilement m’imaginer être un grand arbre, la vue là-haut doit être à couper le souffle 🙂

 

 

Alors que pensez-vous du projet artistique de Sasha sur l’immortalité numérique et la mort naturelle? Son histoire a-t-elle eu un impact sur vous?

Laissez-nous vos commentaires ci-dessous. Nous serions ravis de savoir ce que vous pensez.

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